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mémoires d’un cambrioleur

voleur… Au lieu d’avoir les cheveux blancs, il était blond et la barbe vénérable qu’il arborait la veille avait disparu, mais ce qu’il n’avait pu changer, c’étaient ses yeux, deux yeux noirs étranges et brillants dont l’un était un peu plus petit que l’autre.

D’ailleurs, si j’avais pu conserver encore quelques doutes, la jeune femme de la veille se fût chargée de les dissiper, car elle venait soudain de sortir du cabinet de toilette attenant à la chambre.

J’avais refermé la porte et je tenais mon arme braquée sur notre voleur. Je remarquai aussitôt que cet individu ne brillait point par le courage. Il me regardait avec un effarement ridicule et tremblait comme un chien mouillé.

Déjà mon associé s’était jeté sur la femme, l’avait bâillonnée avec une serviette et roulée dans une couverture dont il avait solidement noué les deux extrémités.

— À celui-là, maintenant ! commandai-je.

Manzana, avec une habileté qui dénotait une longue pratique, bâillonna également l’homme et lui attacha bras et jambes avec les embrasses des rideaux.

Nous étions maîtres de la situation. Notre premier soin fut de fouiller le drôle, mais nous eûmes beau explorer ses poches, nous ne trouvâmes sur lui qu’un portefeuille dont je m’emparai, un porte-cigares en acier bruni et un trousseau de clefs.

Parbleu ! le gredin avait dû cacher le diamant dans sa valise. Nous ouvrîmes celle-ci, mais nous eûmes beau tourner et retourner tout ce qui s’y trouvait, nous ne découvrîmes absolument rien.

Et pourtant, j’étais bien sûr que le misérable, lorsqu’il était rentré à l’hôtel, avait le diamant dans sa poche.

Où l’avait-il caché ?

Je le fouillai de nouveau, regardai même dans ses bottines, le palpai en tous sens, mais rien !

Manzana, qui suivait cette opération avec un intérêt que l’on devine, me souffla tout à coup :

— Il l’a sans doute « refilé » à la femme.