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retiré des affaires

— Et s’il a aussi un revolver ?

— On n’a pas pour habitude de sortir d’un appartement avec une arme à la main… Croyez-m’en, mon cher Manzana, ne nous livrons pas d’avance à des suppositions qui finiraient par émousser notre courage… Allons-y carrément, comme si nous étions de vrais agents de la Sûreté… La chose la plus fâcheuse qui puisse nous arriver, je vous l’ai déjà dit, c’est que nous soyons obligés d’aller au poste et de voir notre diamant passer de la poche de notre voleur dans celle du commissaire… et encore, peut-être bien que je trouverais un truc pour le ravir au commissaire.

— Vous avez réponse à tout… eh bien essayons… Je suis votre homme.

Nous pénétrâmes dans le hall de l’hôtel et, à notre grande surprise, personne ne s’avança à notre rencontre pour nous demander ce que nous désirions.

Froidement, je traversai le vestibule et m’engageai dans l’escalier en compagnie de Manzana.

Au premier étage, je consultai la liste des numéros. Le 34 se trouvait justement sur le palier où nous étions.

— Cela va trop bien, pensai-je.

Et je me sentis envahi par une indéfinissable inquiétude. J’écoutai, pendant quelques instants. Un homme toussa dans la chambre où je m’apprêtais à pénétrer. Je tirai mon revolver, fis un signe à Manzana et frappai légèrement à la porte.

— Entrez, dit une voix enrouée.

J’entrai en coup de vent, le revolver à la main. Mais, à ma grande surprise, au lieu de me trouver en présence du vieux monsieur que je croyais bien rencontrer, j’étais en face d’un homme de quarante ans environ, très blond et le visage entièrement rasé.

J’allais me retirer, en m’excusant comme je pourrais, quand Manzana s’écria tout à coup :

— Allez-y !… allez-y !… c’est lui, je le reconnais !

En effet, moi aussi, je venais de reconnaître mon