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mémoires d’un cambrioleur

avions cherché à bluffer l’un et l’autre, mais nous restions sur nos positions.

J’ajouterai qu’à la minute où avaient lieu ces pourparlers, j’étais prêt à céder sur tous les points, car pour le coup de force que nous allions tenter, j’avais absolument besoin de Manzana.

Nous nous serrâmes la main.

― Allons, dis-je, de l’audace !

— Comptez sur moi, répondit mon associé.

Si personne ne nous accompagne à la chambre 34, nous entrons, je menace le voleur avec mon revolver, pendant que vous vous jetez sur la femme et la bâillonnez… Ensuite vous faites subir la même opération à l’homme, nous le ligotons et le fouillons aussitôt.

— Je vous ferai remarquer que dans cette entreprise, c’est moi qui aurai la partie la plus difficile.

— Si j’avais votre musculature, mon cher, j’assumerais volontiers cette tâche. Maintenant, réfléchissez bien… Si vous avez peur, dites-le…

— Peur ?… moi… allons donc… Une fois que j’y serai, vous verrez… le tout est de se mettre en train, mais attention, pas de blagues, hein ? Si vous voyez, du premier coup, que l’affaire ne colle pas, ne commettez point d’imprudence.

— Soyez tranquille, je n’opérerai qu’à bon escient.

— Oui, je vois que vous avez bien tout combiné, tout prévu. Cependant permettez-moi de vous faire observer que vous avez oublié une chose.

— Ah ! et laquelle ?

— Vous avez supposé que l’on vous ouvrirait, dès que vous auriez frappé… et si notre homme, qui doit être un malin, se méfiait de quelque chose et refusait d’ouvrir, que feriez-vous ?

— Alors, nous trouverions une autre combinaison… nous attendrions qu’il sorte et, dès qu’il paraîtrait, nous le repousserions aussitôt dans la chambre en lui mettant le revolver sous le nez.