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mémoires d’un cambrioleur

— Ces Bretons ! tous superstitieux comme des vieilles femmes.

Et, pour se donner une contenance, le Méridional, plus impressionné qu’il ne voulait le paraître, repoussa de dépit la lanterne qui glissa sur la glace du sarcophage.

Les ombres se déplacèrent violemment, bouleversant les traits de la momie et, subitement, le visage de la reine Tia changea d’expression.

Bartissol tourna le dos.

Quant à Logarec, il coulait un regard furtif vers ce masque mystérieux qui l’attirait étrangement.

Tout à coup, il tressaillit.

— Qu’as-tu donc ? demanda Bartissol en faisant lui-même un mouvement involontaire.

— Moi… rien… répondit Logarec.

Le Méridional fit claquer ses doigts.

— C’est toutes tes histoires aussi… Secouons-nous. Bon Dieu… Tiens, entends-tu comme on chante dans la rue… À Pézenas, on est gai comme cela… pas de fête sans chansons. Crier à pleine gorge, voilà qui vous chasse les idées noires… mais on n’en a pas chez nous. Aussi, on chante toujours… Je me rappelle, l’année où j’ai tiré au sort…

Brusquement, Bartissol se sentit saisir par le bras.

Logarec fixait sur lui deux yeux agrandis par la peur.

— Tu as entendu ?… souffla-t-il.

— Quoi ?… les « réveillonneurs » qui chantent ?

— Non… là… je ne sais pas… Quelque chose a craqué !…

— Bah !… c’est une lame de parquet…

— Je ne crois pas… c’était comme qui dirait dans l’air…

— Tu ne vas pas croire que c’est le Korrigan… je suppose…

— Ne ris pas, Bartissol, je te dis que quelque chose a craqué…

— Eh oui… c’est le parquet… parbleu !