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le fort et le chateau saint-louis

ravale l’esprit humain et qu’elle est fatale à tous les pays où elle existe. »

Le gouverneur intérimaire passa outre.

En 1807 arriva à Québec le gouverneur Sir James-Henry Craig, — dont nous avons déjà parlé, — qui devait s’entendre parfaitement avec cet odieux personnage[1].

Craig, dit M. Garneau, était un officier de quelque réputation, mais un « administrateur fantasque et borné, qui déploya un grand étalage militaire et parla au peuple comme il eût parlé à des recrues soumises au fouet. »

Ainsi que nous l’avons déjà dit, ce gouverneur aux étranges allures quitta, quelques mois avant son départ de Québec, le château Haldimand, dépendance du château Saint-Louis, pour aller habiter ce dernier édifice. Ce fut dans une des salles du château Saint-Louis qu’eut lieu, au mois de juin 1811, le célèbre dialogue entre sir James Craig et Mgr Plessis, dans lequel le gouverneur voulut jouer au Napoléon.[2] L’illustre évêque qui devait plus tard

  1. Ryland se rendit à Londres pour appuyer de sa parole un mémoire de Craig qu’il avait indubitablement inspiré et dont l’objet était de détruire tout ce qui était catholique et français dans le Bas-Canada. On répondit à l’envoyé de Craig qu’il avait raison en principe, mais qu’il ne fallait pas oublier que les Canadiens étaient en majorité dans leur pays. Le « mémoire » fut mis de côté. Plus tard, vers 1820, un autre fanatique, le juge Sewell, fit des instances auprès du gouvernement de la métropole pour que l’union de toutes les provinces britannique de l’Amérique du Nord fût décrétée, dans un but d’anglicisation et d’écrasement pour les Canadiens-Français. L’Angleterre ne voulut rien faire alors contre ses fidèles sujets du Bas-Canada, et ce ne furent que les imprudences de ceux qui préparèrent la regrettable insurrection de 1837, et cette insurrection elle-même, qui nous valurent le régime du Conseil Spécial, puis l’union des deux Canada dans des conditions difficiles, « dangereuses » sous certains rapports, ruineuses et injustes au point de vue financier.
  2. Mgr Plessis dit que l’entretien dura sept quarts d’heure ; sir James Craig dit qu’il dura deux heures et demie. Il est évident que l’un des deux personnages avait trouvé le temps plus long que son interlocuteur.