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— Non, je ne jouerai pas que tu ne m’aies dit ce qui te trotte par l’esprit. Si Virginie est de trop…

— Eh bien ! oui, mes amis, j’ai là quelque chose qui m’oppresse, qui m’étouffe, dit enfin Prudence.

Il cacha son visage dans ses mains.

Furibus et Virginie le supplièrent de leur confier son douloureux secret.

— Ah ! mes amis ! soupira Prudence, comment vous dire cela ? Depuis quelques mois, je suis obsédé par une idée fixe, plus que cela, un cauchemar, un fantôme horrible, qui me poursuit dans la veille comme dans le sommeil.

— Grands dieux ! pensa Furibus, ce pauvre Prudence deviendrait-il fou ?

— Mais enfin, qu’est-ce que ce fantôme ? Quelle forme affecte-t-il pour t’impressionner ainsi ?

— C’est une vision effroyable. Le supplice de Pascal, qui voyait sans cesse béant à ses pieds le trou incandescent de l’enfer, n’était rien à côté de celui que j’endure.

— Aurais-tu peur de l’enfer, par hasard ?

— Tu sais bien que non. Malheureusement ma vision est une réalité.

— Alors parleras-tu ?

Virginie avait cessé de tirer son aiguille. Elle fixait sur l’ami de son père des yeux effrayés.

— Eh bien ! donc, écoutez, dit Prudence en exhalant un pesant soupir. Il y a quelque temps, j’eus un rêve. Dans la soirée, nous avions eu une discussion assez vive sur les causes de