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déjà trop long, et qu’ils ne nous respectent plus assez. Enfin tu veux mettre entre leurs mains les instruments de travail ? Mais alors nous ne serons plus que leurs humbles esclaves !

— Non leurs esclaves, mais leurs égaux.

— Et voilà, reprit Furibus, en s’animant, ce que tu as trouvé dans tes livres et dans ta cervelle. Ces livres sont subversifs, ton cerveau est malade.

— Eh bien ! alors, trouve un autre moyen de fusionner ces deux pôles sociaux : la propriété individuelle, à laquelle se cramponnent tous ceux qui possèdent, et la communauté aveugle que réclament tous ceux qui n’ont rien.

— Bah ! je m’en tiens à l’ancien système : nous avons une armée, des généraux ; et le grand homme qui nous gouverne, qui a su rétablir l’ordre, saura bien le maintenir, en attendant que nous ayons un roi.

— Ah ! c’est que tu ne la vois pas comme moi, cette hydre menaçante, terrible ! Mais regarde-la donc, dit Prudence en ouvrant des yeux effrayés, comme elle ricane, et quelles flammes lancent ses innombrables prunelles !

Au même instant, un domestique entra ; il apportait une nouvelle dépêche.

— Encore le directeur de l’usine ! s’écria Furibus en fronçant le sourcil.

La dépêche ne contenait que ces mots :

« Grave collision entre les troupes et les ouvriers. Il faut céder. »