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— Certes, je la respecte, puisque je cherche le moyen de la conserver, et je crois que ce moyen est d’accorder au prolétaire, comme une des compensations du droit au fonds commun, un droit sur la matière première et sur l’instrument de travail. Écoute ce qu’écrivait le grand économiste Turgot, il y a près d’un siècle :

« Le droit de subsistance et de travail est un droit inaliénable, imprescriptible. Nul homme ne doit être privé du moyen de travailler et de vivre, c’est-à-dire que les instruments de travail et les moyens de subsistance doivent être garantis à chaque individu ; et, par conséquent, tout ce qui est instrument ou matière de travail ne doit pas être le domaine exclusif de quelques individus. Voilà le droit absolu, le droit naturel. »

Or, aujourd’hui, bien que le peuple n’ait pas lu Turgot, il connaît son droit, il le réclame, et tous les esprits éclairés le lui concèdent ; tous reconnaissent que la société est comme une famille du sein de laquelle doit disparaître toute trace de division, toute délimitation de caste ; que le bien-être de chaque citoyen peut seul assurer l’ordre général ; que le travail doit devenir, dans l’intérêt commun bien entendu, plus que la naissance et la fortune, la base de toute hiérarchie, puisqu’il constitue la richesse, la vie même de la société ; que tout homme en naissant a reçu de la nature un droit égal de vivre, de travailler, d’occuper dans l’échelle sociale la place qui correspond à ses facultés naturelles ou acquises ; que le premier devoir de la société envers l’individu,