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dans les classes inférieures ; si elle ne trouve pas des combinaisons économiques qui répartissent cette richesse en équilibrant les deux pôles sociaux : opulence et misère ; si elle n’adopte pas aussi une forme de gouvernement qui développe, par la liberté, les énergies et l’initiative individuelle ; si, enfin, elle ne se crée pas une morale humanitaire assez élevée et assez forte pour remplacer la morale religieuse, sapée par les progrès de la raison, il se produit nécessairement dans cette société : d’un côté, l’affaissement, l’énervement des classes riches par l’abus de la richesse, l’excès du luxe et de la sensualité ; de l’autre, des aspirations, chez les classes pauvres, des excitations, qui conduisent fatalement cette société au bouleversement, à la ruine.

— Peut-être ! dit Furibus, à moins qu’une main de fer ne sauve cette société en péril !

— Cette main de fer, l’empire ne l’a-t-il pas étendue sur nous ? N’est-ce pas lui, au contraire, qui a développé tous ces symptômes et précipité la crise ? Comme les civilisations anciennes, la société française va périr peut-être par l’excès même de son raffinement. Sont-ce bien les barbares du Nord qui ont anéanti la civilisation romaine ? Non. À mon sens, les trois grands éléments de dissolution de la société romaine et qui ont paralysé le mouvement ascensionnel dont je parlais tout à l’heure, sont : l’épicurisme, le christianisme, le césarisme, qui tous trois, par des causes diverses, ont produit l’énervement. Ces trois grands éléments de dissolution, nous les