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rations des masses, étouffer les questions sociales, c’est assurer votre tranquilité.

— Ah ! la situation, la question, je les connais aussi bien que toi ! Les aspirations des masses, c’est l’éternel : « Ôte-toi de là que je m’y mette. »

— Non, mon cher, les aspirations des masses, c’est : répartition plus équitable des charges sociales, des avantages sociaux et des produits du travail. Capital et travail, tel est actuellement le plus brûlant, le plus irritant des dualismes. À qui la faute si ce dualisme prend aujourd’hui le caractère d’une guerre sociale, comme l’antagonisme de la liberté et du pouvoir, de l’égalité et du privilège, a causé et cause encore nos révolutions politiques ? La faute, encore une fois, en est à la bourgeoisie, qui oublie l’histoire de sa propre émancipation, et qui imite, à l’égard des prolétaires, des salariés, l’aveugle et fatale conduite que la noblesse et le clergé tenaient autrefois envers elle.

— Et moi, repartit Furibus avec véhémence, je prétends qu’il n’y a aucun rapport, aucun, aucun.

— C’est-à-dire que la situation est pire. 89 a affranchi le paysan de la féodalité territoriale. Mais tandis que la situation des paysans s’améliorait, celle des ouvriers empirait par le développement des grandes manufactures ; car, en perdant leurs instruments de travail, ils perdaient l’indépendance. En effet, le nouveau système industriel, qui tue les petites industries et concentre en quelques mains les instruments de travail, fonde nécessairement une