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— Elle chômera.

— Tes ouvriers crèveront de faim.

— Cela les regarde. Je n’élèverai pas leur salaire. Plus ils gagnent, plus ils gaspillent. Je leur donne six francs par jour, et ils les dépensent ; s’ils n’en gagnaient que trois, cela n’arriverait pas[1].

Prudence, ne trouvant rien à répondre à pareil raisonnement, se contenta de hausser les épaules.

— Père, dit à son tour Virginie, songe donc que ces pauvres gens ont des femmes, des enfants à nourrir…

— Qu’est-ce que cela me fait ?

— Ne t’entête pas, je t’en prie. Nous diminuerons un peu notre luxe. Je te promets de restreindre mes frais de toilette.

— Non, non, laissez-moi, c’est mon dernier mot.

Il sonna.

Un domestique parut.

— Portez sur-le-champ cette dépêche.


Cependant Furibus continuait à exhaler sa fureur.

— Eh bien, dit Prudence en souriant, reprenons-nous la partie ?

— Non, non ! Dans l’état où je suis, c’est impossible. Ce qui me révolte le plus, c’est l’ingratitude de ces gens-là. Je suis un patron

  1. Entendu de la bouche d’un député de la droite.