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droit. » Cela est vrai en fait, sinon en principe. Or, le monstre, je le répète, a la force pour lui.

— Assez, assez, tes prédictions m’agitent la bile.

— Père, dit Virginie, je suis de l’avis de M. Prudence. Je crois aussi qu’il vaudrait mieux faire des concessions.

— Pourvu seulement, reprit Prudence, qu’il en soit temps encore. La bourgeoisie de 72 remplace la noblesse de 89. Elle est aussi personnelle ; elle a la grandeur de moins. Quand la noblesse de 89 déposa ses vieux parchemins sur l’autel de la patrie, il était trop tard. Notre bourgeoisie ne cédera non plus ses privilèges que le couteau sur la gorge. Pourvu, te dis-je, que ce ne soit pas trop tard !

— Mais, encore un coup, repartit Furibus, ce n’est pas moi qui fais les lois.

— Non, mais ce sont les députés que nous avons nommés, et qui représentent l’esprit étroit et personnel de la bourgeoisie actuelle.

— Allons, allons, décidément, mon pauvre vieux, tu as l’imagination malade ; il faut soigner cela. En attendant, au diable ton hydre, tes monstres, tes cauchemars, et continuons notre partie, afin d’oublier un peu les sinistres balivernes que tu viens de me raconter ! Saperlotte ! n’avons-nous pas une armée qui saura contraindre ta goule à rentrer dans son souterrain ?

— Soit, jouons, je le veux bien.

Au moment où Furibus reprenait le cornet,