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cela ! L’égalité est la base de nos constitutions.

— Sans doute, repartit Prudence, l’égalité est écrite dans nos constitutions ; mais, en fait, elle n’existe pas. Bien plus, la plupart des conquêtes de 92 sont remises en question. La classe qui possède le capital, et qui s’appelle elle-même classe dirigeante, a su créer à son profit certains avantages qui lui assurent la suprématie sur le prolétariat, et qui constituent de véritables privilèges.

Ainsi, toutes les constitutions, depuis 89, ont reconnu le droit pour tous d’arriver aux emplois publics. Mais l’instruction secondaire, qui seule donne accès aux fonctions publiques et aux professions libérales, n’est abordable que pour les riches.

Ainsi, ces mêmes constitutions décrètent la proportionnalité de l’impôt ; cependant les impôts de consommation, qui continuent à prévaloir, grèvent le pauvre proportionnellement beaucoup plus que le riche.

Ainsi, la justice doit être la même pour tous. Mais le coût élevé des frais judiciaires la rend inaccessible, pour ainsi dire, aux pauvres gens.

Ainsi, le suffrage universel lui-même, cette première base de l’égalité, et que deux révolutions nous avaient conquis, la bourgeoisie, effrayée du pouvoir qu’il donne au peuple, s’apprête, comme en 1849, à le restreindre.

Ainsi, après nos désastres, tout le monde reconnaissait la justice et la nécessité du service obligatoire pour tous. Mais, grâce au sys-