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ceinture du bois, arriva longtemps avant eux dans la clairière. Le sang ruisselait de son épaule, mais sa vigueur extraordinaire ne semblait pas affaiblie. Quand il arriva au bord de l’étang, les Apaches, avertis par la détonation de la réussite du coup de main de leur allié, se précipitaient déjà sur leurs chevaux pour exécuter la sortie convenue d’avance.

Tel était le mouvement qui avait lieu et dont Bois-Rosé cherchait à deviner la cause, lorsqu’un épisode bien autrement terrible vint le frapper de stupeur et ne lui permit plus de voir que le danger dont était menacé Fabian.

Tandis que, pour accomplir les ordres de Sang-Mêlé, Main-Rouge se saisissait déjà de Rosita éperdue et disposait pour elle le cheval qui devait l’emporter pendant la sortie projetée, le métis s’avança vers l’Oiseau-Noir resté derrière le retranchement, dans l’impossibilité de prendre part au prochain combat. Il montra au chef Indien son épaule ensanglantée.

« C’est à présent que le fils de l’Aigle doit mourir, dit-il d’une voix brève : que l’Oiseau-Noir ne songe plus à ajourner sa vengeance, car elle lui échapperait ; mon sang qui coule veut celui d’un ennemi ; Sang-Mêlé ne peut reprendre la victoire.

– L’Oiseau-Noir arrachera d’abord la chevelure du blanc, répondit l’Apache, redoutant les chances de la lutte. Les guerriers l’achèveront ensuite.

– C’est bien dit. »

Deux Indiens avaient entendu ce court dialogue, et, sans attendre des ordres qu’ils devinaient d’avance, ils s’élancèrent comme deux bêtes féroces vers la hutte où gisait Fabian. Une minute leur suffit pour traîner le malheureux jeune homme jusqu’au pied du retranchement.

Alors Bois-Rosé, dont les membres fléchissaient sous lui, vit l’Oiseau-Noir sortir du fort et s’avancer vers Fa-