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desquels son opulence n’était presque qu’une humble médiocrité.

Et, comme l’hacendero répétait de nouveau à haute voix sa promesse d’enrichir à jamais celui qui lui rendrait doña Rosario, les deux chasseurs échangèrent encore un regard et un autre signal de la main. Pepe excita l’ardeur de son cheval, qui nageait vaillamment sous son cavalier, et Bois-Rosé donna au canot une impulsion plus rapide. L’hacendero pensa que c’était pour gagner la récompense promise, et Dieu sait quelle était son erreur.

Une fusillade qui éclata tout à coup dans la direction de l’Étang-des-Castors prouva que de son côté Rayon-Brûlant et Gayferos n’étaient pas oisifs. La voix du jeune chef indien arrivait jusqu’à la rive que gardaient Wilson et sir Frederick. Diaz, Pepe, Bois-Rosé, Encinas, qui, de leur côté, l’entendaient également, jetèrent à leur tour un formidable cri pour apprendre au brave guerrier comanche qu’ils venaient se joindre à lui.

Bientôt don Augustin les vit prendre terre et s’élancer avec impétuosité à travers les saules et les cotonniers qui couvraient presque en entier les terrains marécageux où les Indiens allaient se retrancher.

Ils avaient à défendre de trop chers intérêts pour que rien pût les arrêter dans leur course.

Quand ils eurent disparu, les aboiements du dogue d’Encinas, en devenant plus lointains, annoncèrent que les braves aventuriers ne laissaient pas que d’avancer, malgré les difficultés du terrain et les dangers que recélaient d’impénétrables fourrés.