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qu’avaient ému la douleur et l’accent du vieux coureur des bois ; il ne sera pas dit que j’aurai fait défaut à la cause d’un père dans l’affliction.

– Soit, répliqua Wilson, car nous menons une vie de fainéants. »

Les chevaux furent promptement scellés et chargés, et, quand on eut attaché le coursier blanc à la queue du cheval de Wilson, les Indiens à pied, les deux nouveaux cavaliers sur la rive, et le reste de la troupe dans le canot de peaux de buffles, tous descendirent rapidement le cours du fleuve.

Si l’on se reporte en pensée au moment où seuls, sans défense et mourant de faim, les deux intrépides chasseurs, prêts à se mettre à la recherche de Fabian, avaient été rejoints par Gayferos et s’étaient procuré de nouvelles armes ; si l’on considère qu’à présent les trois amis du jeune comte avaient recruté neuf redoutables alliés dans les guerriers de Rayon-Brûlant ; que des escarmouches successives avaient affaibli les Apaches ; que Diaz était là ; que deux autres compagnons de périls venaient de se joindre à Pepe et au Canadien, et qu’enfin la troupe entière se compose de quinze combattants, on pourra sans doute fonder quelque espoir sur le prochain résultat des efforts qu’elle va faire pour la délivrance du malheureux Fabian. Nous croyons avoir jusqu’ici assez fidèlement accompagné cette troupe de braves, pour qu’il nous soit permis de cesser de la suivre dans sa dernière marche.

Nous avons trop longtemps oublié dans son malheur le captif, objet de tant de sollicitude et de tant d’efforts ; un devoir impérieux, un devoir d’affection, nous ramène vers Fabian de Mediana. Nous devons auparavant dire en deux mots ce qui lui était advenu depuis le moment où, dans sa lutte avec Soupir-du-Vent, les deux ennemis, enlacés l’un dans l’autre, avaient roulé jusqu’au pied de la colline tronquée.

Étendu sur le sol et immobile, le jeune Espagnol avait