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tous les menus dangers du désert, ne songea plus qu’au point de vue qu’il était en train de dessiner.

Les manœuvres de l’Américain et du Comanche, pour s’aborder mutuellement, témoignèrent quel est le degré de confiance qui préside aux relations de la vie sauvage. Wilson, en faisant signe de la main qu’il voulait entrer en conférence amicale, se jeta dans un creux de terrain que sa tête dépassait seule.

Touché de ce procédé, l’Indien descendit de cheval, se cacha presque tout entier derrière lui, et, le poussant en avant sans qu’on pût voir de sa personne que le sommet de sa tête et sa carabine braquée sur sa selle, comme un fusil de rempart, il s’avança vers l’Américain. L’Anglais dessinait toujours.

Enfin, quand l’Indien et le blanc, après avoir échangé quelques mots préliminaires, furent convaincus que l’un ne voulait pas égorger l’autre, ils rejetèrent leur carabine sur leur épaule ; le premier sortit de son trou, le second remonta sur son cheval et tous deux se touchèrent la main.

« À quelle tribu appartient mon jeune ami ? demanda Wilson.

– À la nation des Comanches, et il va rejoindre ses frères pour les mener sur la trace d’un ennemi. Que fait mon frère blanc dans le désert ?

– Je n’en sais rien. »

Et comme l’Indien souriait d’un air incrédule :

« Nous nous promenons, mon cher, dit sir Frederick.

– Les terrains de chasse de Main-Rouge, de Sang-Mêlé et des Apaches sont pleins de dangers, dit gravement l’Indien.

– Cela ne me regarde pas ; parlez-en à Wilson.

– Ceux-là ou d’autres, reprit flegmatiquement le Yankee.

– Mes frères sont avertis. »