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l’intérieur des Montagnes-Brumeuses, avait tout à coup apparu devant ses yeux.

Bois-Rosé, non plus que ses deux amis, ne se dissimulait pas que, tout heureuse que pût être cette découverte, elle ne devait servir que comme une dernière ressource. Le lac était profond, et gagner à la nage la bouche du souterrain, en supposant qu’il eût une issue plus loin, en admettant encore que les Indiens qui gardaient la plaine de l’autre côté de la nappe d’eau ne les aperçussent pas, c’était s’exposer à mouiller leur poudre et à se priver de toute défense. Dans le désert, des chasseurs sans armes sont non-seulement à la merci de l’impitoyable férocité des rôdeurs indiens, mais condamnés d’avance à une mort horrible, la mort par la faim.

Le silence profond qui continuait à régner du côté des assiégeants semblait indiquer que, pour ne pas exposer plus longtemps la vie de ses sauvages alliés, dont trois avaient déjà succombé, Sang-Mêlé, comme avant lui l’Oiseau-Noir, se résignait à continuer le blocus et à affamer les trois chasseurs.



CHAPITRE XI

OÙ BARAJA, QUI A SEMÉ LE VENT, CONTINUE À RÉCOLTER LES TEMPÊTES.


Laissons pour un instant les assiégés faire un énergique appel à tout ce que les fatigues et l’habitude des dangers avaient développé en eux de force physique, de courage moral et de fécondité d’esprit, pour préciser plus nettement les dangers qui les menacent et grossissent au milieu du silence obstiné gardé par les assiégeants, derrière les rochers où ils s’abritent.