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avaient accompli dans les mains des Indiens une horrible besogne. Les cadavres jonchaient la terre. Quelques Mexicains combattaient encore avec le courage du désespoir, tandis que la plupart de leurs compagnons essayaient de fuir ; mais les seuls chevaux restés dans le camp gisaient sur le sable, égorgés à côté de leurs maîtres. Cependant, cédant à la peur, ils abandonnèrent leur dernier abri pour se disperser dans la plaine.

Écrasés par le nombre et déjà presque vaincus, ceux qui luttaient encore dans le camp eurent un moment une lueur d’espérance.

Du côté des Montagnes-Brumeuses, deux cavaliers accouraient à toute bride. Quelques fuyards se joignirent à eux. Cet incident imprévu pouvait changer la face des choses ; mais les fuyards, serrés de près par les Apaches, étaient tous démontés et ne tinrent pas longtemps contre leurs ennemis à cheval.

Vainement un de ces deux cavaliers, qu’on ne pouvait reconnaître au milieu des ténèbres, armé d’une hache qu’il avait arrachée à un Indien, presque debout sur ses étriers et vaillamment secondé par son compagnon, méconnaissable comme lui dans l’obscurité, abattait un ennemi à chaque coup ; mais bientôt un flot de corps hideux les enveloppa de toutes parts.

Au bout de quelque temps cependant un de ces cavaliers franchissait d’un bond prodigieux cette haie vivante qui l’entourait, et ne tarda pas à disparaître dans la direction d’où il était venu, bravant, par la vitesse de son coursier, la poursuite acharnée de ses ennemis.

Quant à l’autre cavalier, des hurlements de triomphe apprirent aux aventuriers cernés dans le camp qu’il venait d’être tué ou fait prisonnier.

Ce fut le dernier acte de ce lamentable drame. À chaque instant un des fuyards disséminés dans la plaine ou un des rares aventuriers restés dans le camp tombait sous la lance indienne pour ne plus se relever. Bientôt