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JEAN RIVARD

à Grand pré, qui ne devait pas être retardé bien longtemps.

Mais n’oublions pas de consigner ici une perte lamentable que fit notre ami Pierre Gagnon.

On dit que l’écureuil ne s’apprivoise jamais ; la conduite du jeune élève de Pierre Gagnon semblerait venir à l’appui de cette assertion. Un jour que le petit animal, perché sur l’épaule de son maître, l’accompagnait dans sa tournée pour recueillir la sève, tout-à-coup il bondit vers une branche d’arbre, puis de cette branche vers une autre, sautillant ainsi de branche en branche jusqu’à ce qu’il disparut complètement pour ne plus revenir.

Pierre Gagnon ne chanta plus du reste de la journée, et son silence inusité disait éloquemment le deuil de son âme et toute la profondeur de son chagrin.


XI.

première visite à grandpré.


Cette visite à Grandpré était depuis plusieurs mois le rêve favori de Jean Rivard. La perspective de revoir bientôt, après une absence de plus de six mois, les êtres qu’il affectionnait le plus au monde, faisait palpiter son cœur des plus douces émotions.

Le soir du cinq avril, s’adressant à son compagnon : « Pierre, dit-il, ne songes-tu pas à faire tes Pâques ?

— Oh ! pour ça, oui, mon bourgeois, j’y ai pensé déjà plus d’une fois et j’y pense encore tous les jours.