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LE DÉFRICHEUR

durant ses veillées d’hiver avait fabriqué une espèce de seine appelée varveau qu’il tenait tendue en permanence, ne la visitant que tous les deux ou trois jours, prit même une telle quantité de poisson qu’il put en saler et en faire un approvisionnement considérable pour le carême et les jours maigres.

Mais puisque nous en sommes sur ce sujet, disons quelques mots du régime alimentaire de nos défricheurs.

On a déjà vu que Pierre Gagnon, en sa qualité de ministre de l’Intérieur, était chargé des affaires de la cuisine. Ajoutons que durant son règne comme cuisinier, les crêpes, les grillades, l’omelette au lard, pour les jours gras, le poisson pour les jours maigres, furent pour une large part dans ses opérations culinaires. La poêle à frire fut l’instrument dont il fit le plus fréquent usage, sans doute parcequ’il était le plus expéditif..

Pierre Gagnon regrettait bien quelquefois l’absence de la soupe aux pois, ce mets classique du travailleur canadien, dont il ne goûtait cependant qu’assez rarement, à cause de la surveillance assidue qu’exigeait l’entretien du pot-au-feu. Nos défricheurs se donnèrent néanmoins plus d’une fois ce régal, principalement dans la saison des tourtes.

Un autre régal, en toute saison, c’était la perdrix. Il ne se passait guère de semaine sans que Jean Rivard en abattît quelqu’une, et bien qu’elle ne fût probablement pas accommodée dans toutes les règles de l’art, elle ne laissait pas que d’être un plat fort acceptable. Pierre Gagnon d’ailleurs n’était pas homme à se brûler la cervelle ou à se percer le cœur