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JEAN RIVARD

il était devenu l’égal de Pierre Gagnon, si ce n’est que sa gaîté était moins burlesque et moins bruyante.

Il faut bien admettre aussi que notre jeune couple possédait déjà en grande partie ce qui sert à constituer le bonheur. Unis par les liens d’une affection réciproque, parfaitement assortis sous le rapport de la fortune, de l’intelligence et de la position sociale, exempts d’inquiétudes sur les besoins matériels de la vie, pleins de santé, de courage et d’espoir, l’avenir leur apparaissait sous les plus riantes couleurs. Tous deux se berçaient des illusions charmantes de la jeunesse et se promettaient de longues années de calme et de bonheur. Le séjour des cités, les richesses, les grandeurs, la vie fastueuse des hautes classes de la société n’auraient jamais pu leur procurer ce contentement du cœur, cette félicité sans mélange. Là, les époux ne s’appartiennent pas ; ils sont les esclaves des exigences sociales ; il leur faut recevoir et rendre des visites, s’occuper sans cesse de détails de toilette, d’ameublement, de réception, vivre enfin beaucoup plus pour la curiosité publique que pour leur propre satisfaction.

Rien de tout cela ne préoccupait nos jeunes mariés, et on peut dire qu’ils étaient tout entiers l’un à l’autre.

Leur lune de miel fut longue, paisible et douce.