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JEAN RIVARD

édifices publics, églises, collége, douanes, banques, hôtelleries ; les magasins splendides, les grandes manufactures, et même les résidences particulières érigées suivant les règles de l’élégance et du bon goût, tout cela devient peu à peu un sujet de vif intérêt. On éprouve une jouissance involontaire en contemplant les merveilles des arts et de l’industrie. Mais une des choses qui ont le plus contribué à me rendre supportable le séjour de la ville, (tu vas probablement sourire en l’apprenant) c’est l’occasion fréquente que j’ai eu d’y entendre du chant et de la musique. Cela peut te sembler puéril ou excentrique : mais tu dois te rappeler combien j’étais enthousiaste sous ce rapport. Je suis encore le même. La musique me transporte, et me fait oublier toutes les choses de la terre. Le beau chant produit sur moi le même effet. Et presque chaque jour je trouve l’occasion de satisfaire cette innocente passion. Si j’étais plus riche, je ne manquerais pas un seul concert. Musique vocale ou instrumentale, musique sacrée, musique militaire, musique de concert, tout est bon pour moi. Chant joyeux, comique, patriotique, grave, mélancolique, tout m’impressionne également. En entendant jouer ou chanter quelque artiste célèbre, j’ai souvent peine à retenir mes larmes ou les élans de mon enthousiasme. L’absence complète de musique et de chant serait l’une des plus grandes privations que je pusse endurer.

« La vue des parcs, des jardins, des vergers, des parterres et des villas des environs de la cité forme aussi pour moi un des plus agréables délassements ; c’est généralement vers ces endroits pittoresques que je porte mes pas, lorsque pour reposer mon esprit, je veux donner de l’exercice au corps.