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JEAN RIVARD

habitants du canton réunis en assemblée générale qu’il consentit à accepter la charge de major de milice pour la paroisse de Rivardville.

On avait réussi aussi, à lui faire accepter la charge de juge de paix, conjointement avec le père Landry : mais il n’avait consenti à être nommé à cette fonction importante qu’après une requête présentée au gouvernement et signée par le notaire, le médecin, le curé et par une grande majorité des habitants du canton.

Personne pourtant ne pouvait remplir cette charge plus habilement que lui. Il était parfaitement au fait des lois et coutumes qui régissent les campagnes, et il montrait chaque jour dans l’accomplissement de ses fonctions de magistrat tout ce que peut faire de bien dans une localité un homme éclairé, animé d’intentions honnêtes, et dont le but principal est d’être utile à ses semblables. Il unissait l’indulgence au respect de la loi. S’il survenait quelque mésintelligence entre les habitants, il était rare qu’il ne parvint à les réconcilier. Suivant le besoin et les tempéraments, il faisait appel au bon sens, à la douceur, quelquefois même à la crainte. Les querelles entre voisins, malheureusement trop communes dans nos campagnes, et souvent pour des causes frivoles ou ridicules, devenaient de jour en jour moins fréquentes à Rivardville, en dépit des efforts de Gendreau-le-Plaideux.

Il faut dire aussi que Jean Rivard trouvait toujours un digne émule dans le curé de Rivardville. Monsieur le curé évitait, il est vrai, de se mêler aux affaires extérieures qui ne requéraient pas sa présence ou sa coopération, mais ce qui touchait à la charité,