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ÉCONOMISTE.

Jean Rivard, dont les champs étaient aussi à moitié dévastés, recommença vaillamment l’ensemencement de sa terre. Le magasin qu’il possédait en commun avec son frère Antoine n’avait pas été atteint par l’incendie, mais la suspension forcée de son commerce par suite de ce malheur inattendu, la ruine de plusieurs colons qui lui étaient endettés, l’appauvrissement général de la paroisse constituaient pour lui une perte considérable. Du reste, il ne laissa échapper aucune plainte. Après avoir été jusque-là l’enfant gâté de la providence, il était en quelque sorte disposé à remercier Dieu de lui avoir envoyé sa part de revers. Il semblait s’oublier complètement pour ne songer qu’à secourir ses malheureux co-paroissiens.

Ce qu’il fit dans cette circonstance, le zèle qu’il montra, l’activité qu’il déploya, personne ne saurait l’oublier. Grâce à ses démarches incessantes, et à l’assistance sympathique des habitants de Lacasseville et des environs, les maisons et les granges consumées par le feu furent bientôt remplacées et toutes les mesures furent prises pour que personne ne souffrit longtemps des suites de cette catastrophe.

Jean Rivard et ses frères poursuivirent activement le rétablissement de leurs fabriques. Prévoyant que l’hiver suivant serait rude à passer et que la misère pourrait se faire sentir plus qu’à l’ordinaire dans un certain nombre de familles, Jean Rivard forma de vastes projets. Il se proposa, par exemple, d’ériger une grande manufacture où se fabriqueraient toute espèce d’articles en bois ; il prétendait que ces objets, manufacturés à peu de frais, puisque la matière première est pour ainsi dire sous la main, pourraient