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JEAN RIVARD

nier rapport, nous aurons à accomplir de grandes choses d’ici à quelque temps.

« Quoiqu’il en soit cependant, et malgré tout le bien que Lion peut avoir fait dans le canton, je serai désormais en garde contre l’achat d’animaux de luxe, et je ne dévierai plus de la règle que je m’étais d’abord imposée de ne faire aucune dépense importante sans le consentement de ma femme.

« Tu me fais dans ta lettre d’intéressants extraits de ton journal. Je pourrais t’en faire d’un tout autre genre, si je voulais ouvrir le cahier où je consigne régulièrement les faits, les observations ou simplement les idées qui peuvent m’être par la suite de quelque utilité.

« Tu y verrais, par exemple, que tel jour j’ai fait l’acquisition d’une superbe vache Ayrshire, la meilleure pour le lait ; — que tel autre jour ma bonne Caille m’a donné un magnifique veau du sexe masculin, produit d’un croisement avec la race Durham ; — qu’à telle époque j’ai commencé à renouveler mes races de porcs et de moutons ; — qu’à telle autre époque, j’ai engagé à mon service une personne au fait de la fabrication du fromage ; enfin mille autres détails plus ou moins importants pour le cultivateur éclairé, mais dont le récit te ferait bâiller, toi, mon cher Gustave.

« Mais je ne veux pas finir ma lettre sans répondre au moins un mot à l’autre question que tu me poses et qui, je soupçonne entre nous, t’intéresse beaucoup plus que celles auxquelles je viens de satisfaire. Tu veux savoir de moi comment je me trouve de l’état du mariage, et si, après l’expérience que j’ai pu acquérir jusqu’ici, je suis prêt à conseiller aux autres d’en faire autant que moi ?