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JEAN RIVARD

te suffise de savoir que les défrichements, clôturages, constructions et améliorations de toutes sortes effectués durant cette période l’ont été à même les économies que j’ai pu faire sur les revenus annuels de mon exploitation, et les vingt-cinq louis qui composaient la dot de ma femme.

« À l’heure qu’il est je ne donnerais pas ma propriété pour mille louis, bien qu’il me reste beaucoup à faire pour l’embellir et en accroître la valeur.

« L’amélioration la plus importante que j’ai pu effectuer depuis deux ou trois ans, celle que j’avais désirée avec le plus d’ardeur, ça été l’acquisition de quelques animaux des plus belles races connues, vaches, porcs, chevaux, moutons, qui se reproduisent rapidement sur ma ferme, et seront bientôt pour moi, j’espère, une source de bien-être et de richesse.

« Tu sais que j’ai toujours aimé les belles choses ; la vue d’un bel animal me rend fou et je résiste difficilement à la tentation de l’acheter. Je n’assiste jamais à une exposition agricole sans y faire quelque acquisition de ce genre.

« Ces diverses améliorations m’ont fait faire de grandes dépenses, il est vrai, mais tout ne s’est pas fait à la fois ; chaque chose a eu son temps, chaque année sa dépense. De cette manière, j’ai pu voir mon établissement s’accroître peu-à-peu, s’embellir, prospérer, sans être exposé jamais au plus petit embarras pécuniaire.

« Le seul achat que j’aie eu à me reprocher un peu, c’est celui d’un magnifique cheval dont les formes sveltes, élégantes, la noble tête, la forte et gracieuse encolure m’avaient complètement séduit. Après beaucoup d’hésitation, j’avais fini par l’acheter