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JEAN RIVARD

d’admirateurs et qu’elle est même soupçonnée d’être un peu coquette. J’attendrai donc, avant de me déclarer ouvertement amoureux.

« 6 Mars. — Je suis toujours dans les mêmes dispositions à l’égard de Mlle H. L.. Je l’ai vue encore plusieurs fois dans le cours de l’hiver, je lui ai même fait quelques visites particulières, je continue à la trouver charmante, mais c’est à cela que se bornent mes démarches. Chaque fois que je pense à aller plus loin, un spectre se dresse devant moi !… je gagne, en tout, à peine cent louis par année.

« Une chose pourtant me déplaît chez elle… elle n’aime pas les enfants ! Comment une femme peut-elle ne pas aimer les enfants ?…

« Une autre chose m’effraie aussi : elle affiche un luxe de toilette propre à décourager tout autre qu’un Crésus,

« Il est probable que j’aurai bientôt à consigner dans mon journal le mariage de Mlle H. L. avec quelque heureux mortel qui n’aura eu que la peine de naître pour s’établir dans le monde. »

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

« À l’heure où je t’écris, mon cher Gustave, je ne pense plus Mlle H. L., qui ne me paraît susceptible d’aimer personne, et qui, je crois, mérite un peu le titre de coquette qu’on lui a donné. Mon indifférence vient peut-être aussi de ce que j’ai fait, il y a quinze jours, la connaissance d’une jeune personne dont l’esprit et la beauté ont complètement subjugué mon cœur. Elle sort d’un des couvents de cette ville, où elle a fait de brillantes études. C’est un peu le hasard qui me l’a fait connaître. En sortant du couvent, elle a passé quelques jours avec ses parents