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ÉCONOMISTE.

est fort jolie, mais n’a pas d’esprit ; l’autre est trop affectée ; celle-ci est trop grande et celle-là trop petite. Tu rirais bien si tu lisais le journal dans lequel je consigne mes impressions. Je vais, pour ton édification, t’en extraire quelques lignes ;

« 20 Juin. — Depuis plus d’un mois, mes vues se portent sur mademoiselle T. S. Elle a une taille charmante, un port de reine, un air grand, noble, une figure douce et distinguée ; elle est très-aimable en conversation ; elle ne chante pas, mais elle est parfaite musicienne. J’ignore si elle m’aimerait, mais je me sens invinciblement attiré vers elle. Ce que j’ai entendu dire de ses talents, de son caractère, de ses vertus, me la font estimer sincèrement.

« Je voudrais la connaître davantage et pouvoir lire dans son cœur.

« 15 Octobre. — J’apprends aujourd’hui que mademoiselle T. S. est sur le point de se marier ; on m’assure même qu’elle était engagée depuis longtemps. Encore une déception ! Heureusement que je ne lui ai jamais fait part de mes sentiments, et qu’elle ignorera toujours que j’ai pensé à elle.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

« 10 Janvier. — J’ai rencontré hier soir une jeune personne que j’admirais depuis longtemps, mais à qui je n’avais jamais parlé. Je l’ai rencontrée à une petite soirée dansante, et j’en suis maintenant tout-à-fait enchanté. Je l’ai trouvée encore mieux que je me l’étais représentée. Elle m’a paru bonne, sensible, intelligente. Elle touche bien le piano, chante bien, et parle, avec une égale facilité, l’anglais et le français.

« Mais on m’assure que Mlle H. L. a une foule