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ÉCONOMISTE.

Quand la voiture passa devant chez le père Landry, tout le monde se précipita à la porte et aux fenêtres. Il y eut une longue discussion dans la famille sur la question de savoir avec qui était Pierre Gagnon.

Françoise étrennait un voile pour la circonstance, ce qui empêchait de la reconnaître. On la reconnut pourtant et les filles ne manquèrent pas de dire : Françoise doit se renfler, ça ne lui arrive pas souvent de se faire promener par les garçons.

En dépit des remarques qu’on put faire sur son compte, Françoise trouva pourtant le chemin tout court et revint fort satisfaite de son voyage.

Cette promenade fut vraisemblablement l’épisode le plus intéressant de sa vie de fille.

Jean Rivard n’avait jamais paru faire attention à ce qui se passait entre Pierre Gagnon et sa fille Françoise ; mais Louise qui était au fait de tout et qui n’aimait pas les trop longues fréquentations se mit bientôt à presser Pierre Gagnon d’en finir.

Celui-ci ne se le fit pas dire deux fois.

Cette conduite de la part de Madame Rivard est cause que nous n’avons aucune intrigue, aucune péripétie intéressante à enregistrer, dans l’histoire des amours de Pierre Gagnon et de Françoise. Tout se fit de la manière la plus simple ; point de querelle, point de brouille, partant point d’explication ni de raccordements, malgré le bruit que fit courir le petit Louison Charli que Pierre Gagnon et Françoise s’étaient rendu leurs mouchoirs.

La vérité est que Pierre Gagnon n’avait pas le temps d’aller chercher au loin une personne plus avenante que Françoise et que Françoise estimait trop Pierre Gagnon pour se montrer à son égard inconstante ou coquette.