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ÉCONOMISTE.

les besoins de la vie matérielle en échange des secours spirituels qu’il leur dispensait avec tant de zèle.

C’était pourtant avec joie qu’il avait reçu l’ordre d’ajouter à ses travaux apostoliques, déjà considérables, la desserte du canton de Bristol, puisque, tout en remplissant les devoirs sacrés de son ministère, il allait se retrouver de temps à autre avec son ancien ami, qu’il n’avait pas oublié et dont il entendait souvent exalter le courage et l’activité.

En attendant que la localité fût en état d’ériger une chapelle convenable, c’était une simple maison en bois, construite en quelques jours par les principaux habitants du canton, qui servait de temple.

Le missionnaire apportait avec lui les vases sacrés et ses habits sacerdotaux, comme le médecin de campagne qui, dans ses visites aux malades, n’a garde d’oublier sa boite de pharmacien.

Une petite table servait d’autel.

Madame Rivard se donnait beaucoup de soin pour orner l’humble chaumière où devait se célébrer le divin sacrifice ; malgré cela, la simplicité du lieu rappelait involontairement les temps primitifs de l’ère chrétienne.

Pendant plusieurs heures avant la messe le prêtre entendait les confessions.

Bientôt on voyait sortir de la forêt et arriver de tous côtés hommes, femmes, enfants, désireux d’assister au saint sacrifice et d’entendre la parole de Dieu. Quand la maison était remplie, ceux qui n’avaient pu entrer s’agenouillaient dehors. Dans la belle saison, si le temps le permettait, le missionnaire célébrait la messe en plein air, de manière à être vu et entendu de toute la nombreuse assistance.