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ÉCONOMISTE

sait souverainement, et je passai plus de trois heures au presbytère sans m’apercevoir de la fuite du temps.

Nous dûmes cependant le quitter, pour retourner chez Jean Rivard, non toutefois sans avoir visité l’église de Rivardville, qui eût fait honneur à l’une des anciennes paroisses des bords du St. Laurent.

Chemin faisant, Jean Rivard me dit :

« Si vous n’aviez pas été si pressé, je vous aurais fait voir les champs de grains et de légumes semés par monsieur le curé ; je vous aurais montré ses animaux, ses volailles, ses lapins. Vous auriez vu s’il entend l’agriculture. En effet, pas un progrès ne se fait dans cette science sans qu’il en prenne connaissance. Après les devoirs de son état, c’est peut-être la chose qu’il entend le mieux. Il trouve dans cette occupation un délassement à ses travaux intellectuels en même temps qu’un moyen d’éclairer le peuple et de contribuer au bien-être général. Un mot de lui sur les meilleurs modes de culture, sur les meilleures races d’animaux, sur l’importance des engrais, etc., fait souvent plus d’effet que tout ce que pourraient dire les prédicateurs agricoles ou les livres les mieux écrits sur cette branche de connaissances.

« Cela ne l’empêche pas de s’occuper de réformes morales et sociales. Il a réussi à établir dans la paroisse une société de tempérance dont presque tous les hommes font partie. Vous ne sauriez croire quelle influence une association de ce genre exerce sur la conduite et la moralité des jeunes gens. Il fait une guerre incessante au luxe, cette plaie des villes qui peu à peu menace d’envahir les campagnes. Enfin, grâce aux soins qu’il se donne pour procurer