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ÉCONOMISTE

j’écrive, ma tête remplit toutes ses affections avec la plus parfaite aisance. Vous, hommes d’études qui ne travaillez jamais des bras, vous ne savez pas toutes les jouissances dont vous êtes privés.

Je puis me tromper, mais ma conviction est que l’Être suprême, en mettant l’homme sur la terre, et en donnant à tous indistinctement des membres, des bras, des muscles, a voulu que chaque individu, sans exception pour personne, travaillât du corps dans la proportion de ses forces. En disant : tu gagneras ton pain à la sueur de ton front, il a prononcé une sentence applicable à tout le genre humain ; et ceux qui refusent de s’y soumettre, ou qui trouvent moyen de l’éluder, sont punis tôt ou tard, soit dans leur esprit, soit dans leur corps. J’ai toujours aimé la lecture, et j’aurais désiré pouvoir y donner plus de temps, la vie active que j’ai menée dans les premières années de ma carrière m’ayant laissé à peine quelques heures à consacrer chaque jour aux choses de l’esprit. Hélas ! la vie de l’homme est rarement distribuée de manière à lui permettre l’exercice régulier de toutes ses facultés physiques et mentales. Les uns se livrent entièrement aux travaux manuels, les autres aux efforts de l’intelligence. Un de mes plus beaux rêves, a été de pouvoir établir, un jour, dans mes travaux quotidiens, un parfait équilibre entre les mouvements de ce double mécanisme. »