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JEAN RIVARD

Je demandai où nous étions.

À Rivardville, répondit-on.

Cette réponse me fit souvenir de Jean Rivard, que j’avais connu de vue, à l’époque où il siégeait comme membre de l’assemblée législative.

M. Jean Rivard demeure-t-il loin d’ici ? m’écriai-je !

Il est ici, répondirent une dizaine de voix.

En effet, je vis dans la foule un homme s’avancer vers moi, tenant son fanal d’une main et son parapluie de l’autre.

C’était Jean Rivard lui-même.

Vous êtes tout trempé, me dit-il, vous feriez mal de voyager dans cet état, venez vous faire sécher chez moi ; vous continuerez votre voyage demain.

Je n’étais pas fâché d’avoir une occasion de faire plus intime connaissance avec l’ancien représentant du comté de Bristol et le canton qu’il habitait : j’acceptai, sans trop hésiter, son invitation hospitalière, et nous nous rendîmes à sa maison située à quelques arpents du lieu de l’accident.

Toute la famille dormait à l’exception d’une servante qui, sur l’ordre de Jean Rivard, alluma du feu dans la cheminée et nous fit à chacun une tasse de thé.

Malgré la simplicité de l’ameublement, je vis à l’air d’aisance et à la propreté des appartements que je n’étais pas dans la maison d’un cultivateur ordinaire.

« Je suis heureux, dis-je à mon hôte, qu’un accident m’ait procuré l’avantage de vous revoir… Vous êtes, je crois, un des plus anciens habitants de ce canton ? »