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ÉCONOMISTE.

Rivardville lui demanderaient pardon de ce manque de confiance.

Cet événement mit en émoi toute la population de Rivardville, et bientôt la zizanie régna en souveraine dans la localité.

Est-il rien de plus triste que les dissensions de paroisse ? Vous voyez au sein d’une population naturellement pacifique, sensée, amie de l’ordre et du travail, deux partis se former, s’organiser, se mettre en guerre l’un contre l’autre ; vous les voyez dépenser dans des luttes ridicules une énergie, une activité qui suffiraient pour assurer le succès des meilleures causes. Bienheureux encore, si des haines sourdes, implacables, ne sont pas le résultat de ces discordes dangereuses, si des parents ne s’élèvent pas contre des parents, des frères contre des frères, si le sentiment de la vengeance ne s’empare pas du cœur de ces hommes aveuglés !

Hélas ! l’ignorance, l’entêtement, la vanité sont le plus souvent la cause de ce déplorable état de chose.

Heureuse la paroisse où les principaux citoyens ont assez de bon sens pour étouffer dans leur germe les différends qui menacent ainsi de s’introduire ! Heureuse la paroisse où ne se trouve pas de Gendreau-le-Plaideux !

Si Jean Rivard eût été homme à vouloir faire de sa localité le théâtre d’une lutte acharnée, s’il eût voulu ameuter les habitants les uns contre les autres, rien ne lui aurait été plus facile.

Mais il était résolu, au contraire, de faire tout au monde pour éviter pareil malheur.

C’est au bon sens du peuple qu’il voulait en appeler, non à ses passions.