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ÉCONOMISTE.

qu’offrent les professions libérales ou les emplois publics, une partie au moins de ces centaines de jeunes gens qui sortent chaque année de nos collèges, après y avoir fait un cours d’études classiques, s’y jetteraient avec empressement ? En peu d’années le pays en retirerait un bien incalculable.

Jean Rivard forma le projet d’élever les obscures fonctions d’instituteur à la hauteur d’une profession. Il eut toutefois à soutenir de longues discussions contre ces faux économes qui veulent toujours faire le moins de dépense possible pour l’éducation ; et ce ne fut que par la voix prépondérante du président des commissaires, qu’il fut chargé d’engager pour l’année suivante, aux conditions qu’il jugerait convenables, un instituteur de première classe.

Jean Rivard avait connu à Grandpré un maître d’école d’une haute capacité et d’une respectabilité incontestée. Il avait fait d’excellentes études classiques, mais le manque de moyens l’ayant empêché d’étudier une profession, il s’était dévoué à l’enseignement comme à un pis-aller ; peu-à-peu cependant il avait pris du goût pour ses modestes mais utiles fonctions, et s’il eût pu trouver à y vivre convenablement avec sa famille (il avait une trentaine d’années et était père de plusieurs enfants), il n’aurait jamais songé à changer d’état. Mais le traitement qu’il recevait équivalait à peine à celui d’un journalier ; et le découragement commençait à s’emparer de son esprit, lorsqu’il reçut la lettre de Jean Rivard lui transmettant les offres de la municipalité scolaire de Rivardville.

Voici les propositions contenues dans cette lettre : L’école de Rivardville devait porter le nom de