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JEAN RIVARD

première pension que j’ai habitée ; nous ne sommes plus que trois aujourd’hui. Les sept autres sont morts dans la fleur de l’âge, quelques-uns, avant même d’avoir terminé leur cléricature. Tous ont été victimes de cette maudite boisson qui cause plus de mal dans le monde que tous les autres fléaux réunis. Après avoir d’abord cédé avec répugnance à l’invitation pressante d’un ami, ils sont devenus peu-à-peu les esclaves de cette fatale habitude. Le jeune homme qui veut éviter ce danger n’a guère d’autre alternative que de renoncer héroïquement à goûter la liqueur traîtresse. Il se singularisera, il est vrai, mais l’avenir le récompensera amplement du sacrifice qu’il aura fait.

« Avec quel bonheur, mon ami, nous avons détourné nos regards de ce tableau lugubre pour les reporter sur celui que nous offre ta vie pleine d’héroïsme et de succès si bien mérités ! Tu es notre modèle à tous. Tu nous devances dans le chemin des honneurs et de la fortune. Oh ! encore une fois, bénis, bénis ton heureuse étoile qui t’a guidé vers la forêt du canton de Bristol.

« En terminant ma lettre, je dois te rappeler que si d’un côté je te dispense de répondre à mes confidences amoureuses, d’un autre côté je tiens plus que jamais à ce que tu me révèles tous les secrets de ta prospérité. Fais-moi part aussi des mesures que tu te proposes d’introduire en ta qualité de maire, Tout cela m’intéresse au plus haut degré.

« Et maintenant, monsieur le maire, permettez-moi de vous souhaiter tout le succès possible dans vos réformes et dans toutes vos entreprises publiques