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m’ont fort amusé, surtout les dieux et les déesses que vous y mêlez. De semblables titres suffisent presque à assurer le succès. Mais je pense que, si nous voulons compléter la centaine, il nous faudra aussi nous attaquer à des œuvres en particulier, et quelle riche matière ne trouverons-nous pas là ! Ne nous ménageons pas nous-mêmes ; nous pouvons mordre sur le sacré et le profane. Quelle abondance de sujets ne nous offre pas la clique de Stolberg, Racknitz, Ramdohr[1], le monde métaphysique avec son moi et son non-moi, l’ami Nicolaï[2], votre ennemi juré, et la boutique de Leipzig, et Thümmel[3] et Gœschen, son écuyer, et tant d’autres !

Schiller.

22.

Réponse de Gœthe à la lettre précédente.
30 décembre 1795.

Je suis heureux que les Xénies aient trouvé faveur auprès de vous, et je suis tout à fait d’avis que nous devons continuer à attaquer autour de nous. Comme Charis[4] et Jean feront bonne figure l’un à côté de l’autre ! Ce sont des riens

  1. Écrivains peu connus, auteurs de livres de philosophie et d’esthétique ; Ramdohr avait composé un ouvrage intitulé Charis ou du beau dans les arts d’imitation.
  2. Nicolaï (Christophe-Frédéric), né à Berlin en 1733, écrivit de concert avec Lessing et Mendelssohn les lettres célèbres sur la littérature, qui exercèrent une grande influence sur le développement des esprits en Allemagne ; il devint par amour-propre et par envie l’ennemi de Schiller et de Goethe.
  3. Thummel, né à Leipzig en 1738, mort à Cobourg en 1817, écrivain satirique, connu par sa Wilhelmine ou le pédant fiancé, et par son Voyage romanesque dans les provinces du midi de la France.
  4. Allusion à l’ouvrage de Ramdohr, indiqué plus haut.