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pas un grand mal qu’on nous accuse d’être intraitables et impertinents.

Que diriez-vous, si je vous écrivais au nom d’un M. X. pour me plaindre de ce que l’auteur de Wilhelm Meister se tient si volontiers au milieu des comédiens, et évite la bonne société ? C’est certainement là la critique commune que vous adressera le beau monde, et il ne serait ni sans utilité ni sans intérêt de redresser les jugements sur ce point. Si vous voulez répondre, je vous fabriquerai une lettre de ce genre.

J’espère que votre santé est maintenant meilleure. Que le ciel bénisse vos travaux et vous donne encore beaucoup de belles heures, comme celles où vous avez écrit Wilhelm Meister !

J’attends avec une grande impatience vos articles pour l’Almanach des Muses, et les entretiens que vous m’avez fait espérer. Chez moi, on va mieux ; tout le monde vous salue.

Schiller.

18.

Réponse de Gœthe à la lettre précédente.

La satisfaction que vous a causée le cinquième livre de mon roman m’a comblé de joie et m’a donné des forces pour le reste de mon travail. Il m’est bien agréable de voir que les mystères surprenants et fantastiques produisent leur effet, et que, sur votre témoignage même, j’ai heureusement mis en œuvre la situation donnée. J’ai utilisé d’autant plus volontiers vos remarques sur le bavardage théorico-pratique, et, dans quelques endroits, j’ai fait agir les ciseaux. On ne se débarrasse pas facilement de ces restes du premier travail ; et cependant j’ai déjà raccourci presque d’un tiers le premier manuscrit.

Portez-vous bien, ainsi que les vôtres, et faites mes compliments à Humboldt.

Weimar, le 18 juin 1795.
Gœthe.