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Au-dessus d’une arche de pierre
Murmure un torrent resserré ;
Et vaguement, il se rappelle
La Légende que par hasard
Un soir contait, heureuse et belle,
Rosalbe, fille de Gérard.

Mais Humbert ne connaît la crainte,
Il a déployé son manteau,
Il invoque la Vierge sainte,
Et s’étend au bord d’un ruisseau.
Pourtant les vieilles, aux veillées,
Disent : « Ne vous endormez pas,
Quand vient le soir, au Pont-des-Fées,
Mieux vaudrait pour vous le trépas. »

Mais toujours sire Humbert sommeille,
Pourquoi son cheval se plaint-il?
Le cavalier bientôt s’éveille,
Et des yeux cherche le péril :
Une femme blanche, élancée,
Calme, le regarde dormir ;
Comment sa douce fiancée
Vient-elle en ce lieu sans frémir?

« Si loin du castel de ton père
Comme une esclave qui s’enfuit,
Pourquoi, dans ce lieu solitaire,
Rosalbe, erres-tu dans la nuit? »
– « Que mon doux seigneur ne s’irrite,
Il s’en repentirait demain ;
De loin je suis venue, et vite,
Pour le remettre au droit chemin.

Remontez cent pas la rivière,
Vous verrez un sentier étroit ;
Au carrefour de la clairière
Laissez choisir le palefroi. »
– «