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quenouille, elles devisaient de leurs enfants et contaient les potins du jour. Les enfants jouaient bruyamment dans un coin de la chambre, ou si on les avait couchés, prêtaient une oreille attentive aux récits de sorcellerie, de sabbat, qui revenaient invariablement avec chaque veillée. Ces enfants suçaient ainsi, avec le lait maternel, la crainte du sotré, de la mannihennekin ; toutes les histoires terrifiantes qui faisaient les frais des longues veillées, frappaient leurs jeunes imaginations, et contribuaient puissamment à les rendre crédules, superstitieux et peureux.

À 10 heures, on se séparait, pour recommencer le lendemain.

Les loures avec recine

Les parents, les amis, s’invitaient de temps à autre, généralement le samedi, à des veillées avec recine. La première partie de la veillée se passait comme nous venons de le dire ; seulement on jouait aux cartes jusque vers 10 ou 11 heures ; à ce moment la maîtresse de maison invitait la veillée à s’approcher de la table, rallongée pour la circonstance, « du pétrin » de la famille, et entourée de bancs improvisés, de sièges très variés.

C’était le moment de la recine, repas frugal où l’on ne servait que du pain noir et des noix, mais où l’on vidait force rasades de brancvin.

Avant la recine ou même après, garçons et jeunes filles jouaient aux jeux innocents, fort nombreux à l’époque ; il y avait le Colin-maillard, la paume (main-chaude), le levain, la mal mariée, l’oiseau (pigeon vole), le plomb, le ruban, le diable boiteux. Lorsqu’on était pris, on donnait des gages ; pour les racheter, le perdant était condamné à une pénitence généralement anodine, qui consistait à embrasser celle que vous aimez ou le plus joli garçon de l’assemblée.