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ne peut prospérer si elle n’est battue des vents et des pluies ; la terre, les abris et le soleil de la plaine la font mourir. »

Tiou hi hie!

Tout est local dans notre montagne des Vosges ; il n’y a pas jusqu’au cri du montagnard qui ne soit particulier à la région.

Ce cri bizarre peut se traduire par l’onomatopée : Tiou hi hie! Il exprime – avec une énergie toute sauvage – la joie vivement ressentie, les émotions bruyantes.

Pour les jeunes gens qui vont é grand’loures (aux grandes veillées), c’est le cri de ralliement, de reconnaissance, de rendez-vous, d’adieu.

Le montagnard, soit qu’il reconduise sa promise après la veillée, soit qu’il remplisse le rôle de compère pour le baptême d’un jeune voisin, est fier de réveiller les échos de la vallée par son joyeux Tiou hi hie! C’est pour lui une affirmation de virilité dont il est volontiers prodigue.

Les jours de tirage au sort ou de révision, alors que les conscrits ont les chapeaux ornés de rubans multicolores, parfois les bottes garnies de grelots, l’air retentit d’interminables Tiou hi hie! lancés dans toutes les gammes imaginables.

Tiou hi hie! Nous serons soldats demain ! Nous porterons vaillamment l’uniforme français ! Nous serons dignes de nos ancêtres gérômois qui, par centaines, se rendirent à l’appel de la Patrie en danger. Comme eux, nous saurons mourir pour nos trois couleurs. Tiou hi hie!

Dès l’antiquité la plus reculée, les peuples guerriers ont eu un signe de ralliement. Selon le docteur Fournier qui connaît bien l’histoire vosgienne, le Tiou hi hie!