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L’amour du sol natal ==

Le montagnard aime son pays ; il est légitimement fier de ses belles montagnes ; c’est sans aucun doute à ce sentiment de fierté qu’il faut attribuer le dicton local dont nous n’avons pu, malheureusement, retrouver l’origine. Ce dicton se présente sous les deux variantes suivantes, l’une en vieux patois, l’autre en dialecte moderne :

1re variante : Se ç’nir’ de Giromouè, steu co quéq’ peu Nancèye, Lè Lorraine èn’ serô céte ré. – Si ce n’était de Gérardmer, peut-être encore quelque peu Nancy, la Lorraine ne serait certes rien.

2e variante : Sè cè té d’Giraumouè, èco in peu Nancy, Qu’os qué c’ sero d’lè Lorrène? – Si ce n’était de Gérardmer, encore un peu Nancy, que serait-ce de la Lorraine ?

Le montagnard de Gérardmer languit loin du sol qui l’a vu naître, dit l’abbé Jacquel. Cette observation est des plus justes. Presque tous les montagnards, après avoir satisfait au service militaire, reviennent au pays pour y exercer des professions manuelles des plus humbles, lors même qu’ils trouveraient ailleurs des professions plus lucratives et moins pénibles. Le vrai montagnard se décide même difficilement à quitter sa chaumière natale pour venir habiter « le village », c’est-à-dire le centre de Gérardmer.

Cet attachement du montagnard à son sol natal, parfois si ingrat, a inspiré à Chateaubriand les lignes suivantes : « Le montagnard trouve plus de charme à sa montagne que l’habitant de la plaine à son sillon… Il dépérit s’il ne retourne au lieu natal. C’est une plante de la montagne ; il faut que sa racine soit dans le rocher ; elle