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local. Ce dialecte, héritage de plusieurs races d’origine différente, est abondant en expressions énergiques et naïves, mais il est peu harmonieux ; il est riche en expressions tudesques[1], et la prononciation à l’allemande du ch lui donne une rudesse caractéristique.

Nous donnons, dans ce chapitre, plusieurs spécimens de patois de Gérardmer ; nous ajoutons que de nos jours, gràce aux progrès de ]’instruction, on parle français dans la majeure partie des familles, sinon de la montagne au moins du centre.

Compliment pour un jour de Fête[2]

Po Cicile

Cicile, Dèyee vo gar[3]. J’a sti vo lé cinq oure
Fâre in to dô neu mouè,
Quéri dé fiô ou don dé poure ;
Mâ céte é n’y ovouzeu eu pouè.

  1. Voici quelques-uns de ces mots patois qui viennent en droite ligne de l’allemand : Streuso, paillasse (Strohsark). – Banvoua, garde-champêtre (Bannwar). – Schouflic, terme d’injure, savetier (Schuhflicker). – Frichti, déjeuner (Frühstück). – Brancvin, eau-de-vie (Branntwein). – Schlitte, traîneau (Schlitten). – Strè, paille (Stroh). – Wandlè, déménager (Wandceln). – Kéblar, cuvelier (Kübel). – Rèhche, riche (Reich). – Stôye, étable (Stall). – Hostou, vif, turbulent (Hastig). – Seg, scie (Soege). – Kroug, cruche (Krug). – Folle, piège (Falle). – Boube, garçon (Bube). – Bire, bière (Bier). – Oeule, huile (Oel). – Sucrutt, Choucroute (Alsacien, Sürgrütt ; allemand, Sauerkraut). – Tringeld, pourboire (Tringeld). – Boc, chèvre pour traîner les tronces (Boc). – Cho, giron (Schoosz). – Fritz, Frédéric (Friedrich). – Hockè, piocher (Hacken). – Grôlè, grogner, exprimer de la rancune (der Groll, la rancune). – Prôchè, parlet (Spechen). – Vodiè, garder (Warten). – Trinquè, boire (Trinken), etc.
  2. Par l’abbé Potier, premier curé de Gérardmer.
  3. Par corruption on dit souvent digar.