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Son exemple fut suivi peu d’années après par Cuny-Marchal et les autres fabricants du pays ; cette innovation provoqua un essor notable dans l’industrie textile.

Les toiles étaient vendues sur le marché de Bruyères à l’aune de cette ville (0m80). La plupart des commerçants de Gérardmer – surtout dans les débuts de leurs affaires – portaient eux-mêmes à Bruyères leurs pièces de toile sur un brise-dos ; mais l’éloignement de cette ville (24 kilom.), la difficulté des communications pendant la saison d’hiver, gênaient les transactions.

Pour couper court à ces entraves, J.-B. Garnier-Thiébaut [1]et Cuny-Marchal, qui tenaient entre leurs mains la majeure partie de la fabrication, parvinrent avec l’aide de leurs fils respectifs, à déplacer le marché des toiles et à l’amener à Gérardmer même (1852).

Cet événement économique – important pour l’époque – eut une influence considérable sur les progrès du commerce de toiles et contribua à enrichir les négociants. Les acheteurs venaient sur place, de l’Alsace et de bien plus loin, faire des achats importants : ce fut pour Gérardmer une ère de prospérité remarquable ; aussi il y avait, en 1869, tant à Gérardmer que dans les environs, de 75 à 80 fabricants de toile.

Le développement de la grande industrie des toiles des Vosges est plus récent. Il date de la création des tissages mécaniques ; le commerçant de Gérardmer qui en établit un le premier, fut F. Gérard, qui installa un tissage mécanique au Tholy en 1864-65. À leur tour, en 1870, les

  1. J.-B. Garnier-Thiébaut était un commerçant très entreprenant ; il achetait communément par année pour 3 à 400.000 francs de fils ; en Une seule fois il fit l’achat de 300 balles de fils de 60 paquets chacune, à 60 francs le paquet, soit pour 1.080.000 francs. Ces données sont établies d’après des factures qui nous ont été communiquées par son fils M. E, Garnier. C’est à lui que nous devons la majeure partie des renseignements concernant l’histoire de la toile à Gérardmer. Nous l’en remercions sincèrement. L. G.