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aux habitants à se pourvoir de chaume ou paille[1]. »

La suppression du droit de vaine pâture dans les forêts était désastreuse pour les habitants de Gérardmer ; la situation déplorable qui leur était faite par l’arrêté du 10 Mars est dépeinte dans les doléances qu’ils adressèrent à la Chambre des Comptes en demandant que cet arrêt ne fut pas exécuté.

Ils montraient que leur pays, couvert de rocs, est stérile ; qu’ils n’ont d’autre ressource que l’élevage et la vente du bétail, et que le cantonnement des portions réservées aux forêts diminue l’étendue de leur pâturage ; que n’ayant ni paille, ni chaume, ni branches pour couvrir leurs cabanes, ils sont bien heureux de pouvoir obtenir des bardeaux dans leurs forêts communales. Jusqu’alors leur pauvreté même et la difficulté de leur existence leur avaient fait accorder des privilèges de la part des ducs de Lorraine, c’est ce qui les engageait à s’adresser au Roi avec confiance, dans l’espoir que le décret serait rapporté.

Mais Louis xv, gendre de Stanislas défunt, était un prince indigne qui ne songeait qu’aux plaisirs et spéculait honteusement sur le peuple. Il n’entendit pas la plainte de ces pauvres montagnards vosgiens qui habitaient un pays si déshérité par la nature. Il ordonna que l’arrêt de 1764 fût exécuté « selon sa forme et sa teneur[2] ». Il permit seulement aux habitants de Gérardmer d’obtenir « la délivrance des bois nécessaires pour couvrir leurs maisons », et maintint le droit de vaine pâture « dans les répandises de leur ban. »

L’administration forestière ayant ordonné en 1780 une coupe extraordinaire sur 2.309 arpents (environ 461 hectares), l’assemblée municipale s’y opposa énergiquement.

Le texte de la délibération[3] qu’elle prit à ce sujet, est

  1. Archives communales D.D.III.
  2. Idem.
  3. Archives communales B.B.III.