Page:Fustel de Coulanges - La Cité antique, 1920.djvu/96

Cette page n’a pas encore été corrigée

88 LIVRE II. LA FAMILLE.

Platon, dans son Traité dos lois, qui n'est en grande parti© qu'un commentaire sur les lois athéniennes, explique très- clairement la pensée des anciens législateurs. Il suppose qu'un homme, à son lit de mort, réclame la faculté de faire un testament et qu'il s'écrie : «0 dieux! n'est-il pas bien dur que je ne puisse disposer de mon bien comme je l'entends et en faveur de qui il me plaît, laissant plus à celui-ci, moins k celui-là, suivant l'attachement qu'ils m'ont fait voir ? » Mais le législateur répond à cet homme : « Toi qui ne peux t;e promettre plus d'un jour, toi qui ne fais que passer ici-bas, est-ce bien à toi de décider de telles affaires? Tu n'es le maître ni de tes biens ni de toi-même; toi et tes biens, tout cela ap- partient à ta famille, c'est-à-dire à tes ancêtres et à ta posté- rité' ». . '

L'ancien droit de Rome est pour nous très-obscur ; il l'était déjà pour Cicéron. Ce que nous en connaissons ne remonte guère plus haut que les Douze Tables, qui ne sont assurément pa^ le droit primitif de Rome, et dont il ne nous reste d'ailleurs que quelques débris. Ce code autorise le testament; encore le fragment qui est relatif à cet objet est-il trop court et trop évidemment incomplet pour que nous puissions nous flatter de conflaître les vraies dispositions du législateur en cette ma- tière; en accordant la faculté de tester, nous ne savons pas quelles réserves et quelles conditions il pouvait y mettre". Avant les Douze Tables nous n'avons aucun texte de loi qui interdise ou qui permette le testament. Mais la langue con- servait îe souvenir d'un temps où il n'était pas connu ; car elle appelait le fils héritier sien et nécessaire. Cette formule que Gaïus et Justinien employaient encore, mais qui n'était plus d'accord avec la législation de leur temps, venait sans nul doute d'une époque lointaine où le fils ne pouvait ni être dés- hérité ni refuser l'héritage. Le père n'avait donc pas la libre disposition de sa fortune. Le testament n'était pas absolument

I. Platon, Lois, XL

3. Uti legassit, iia jus etto. Si nous n'arions de la loi de Selon que les mots i.dttdtai ôini>( àv i(iX||, nou3 cvpposerions aussi que le testament était permis dans tous les cas possibles ; mais la loi ajout» «v |»^ «ciSi; mi.

�� �