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amour à la religion du serment, parce qu’il avait juré (dans la formule du mariage) qu’il la prenait pour épouse afin d’avoir des enfants ’. »

La religion disait que la famille ne devait pas s’éteindre; toute affection et tout droit naturel devaient céder devant cette règle absolue. Si un mariage était stérile par le fait du mari, il n’en fallait pas moins que la famille fût continuée. Aloi’^ up frère ou un parent du mari devait se substituer à lui, et te fenune était tenue de se livrer à cet homme. L’enfant qui naissait de là était considéré comme fils du mari, et continuait son culte. Telles étaient les règles chez les anciens Hindous; nous les retrouvons dans les lois d’Athènes et dans celles de Sparte *. Tant cette religion avait d’empire I tant le devoir religieux passait avant tous les autres I

A plus forte raison, les législations anciennes prescrivaient le mariage de la veuve, quand elle n’avait pas eu d’enfants, avec le plus proche parent de son mari. Le fils qui naissait était réputé fils du défunt’.

La naissance de la fille ne remplissait pas l’objet du mauriage. En effet la fille ne pouvait pas continuer le culte, par la raison que, le jour où elle se mariait, elle renonçait à la famille et au culte de son père, et appartenait à la famille et à la religion de son mari. La famille ne se continuait, comme le culte, que par les mâles; fait capital» dont on verra plus loin les consé- quences.

C’était donc le fils qui était attendu, qui était nécessaire ; c’était lui que la famille, les ancêtres, le foyer, réclamaient. « Par lui, disaient les vieilles lois des Hindous, un père acquitte sa dette envers les mânes de ses ancêtres et s’assure k lui même l’immortalité ». Ce fils n’était pas moins précieux aux yeux des Grecs, car il devait plus tard faire les sacrifices, offrir le repas funèbre, et conserver par son culte la religion

t. Aulu-Gelle, IV, 3. Valère-Maxime, II, 1, 4. Denys, II, 25.

7. Plutarque, Solon, 20. — C’est ainsi qu’il faut comprendre ce que Xénophon et Plutarque disent de Sparte; Xén., Resp. Lacéd., I; Plutarque, i^y- emrgue, «5. — Cf. Lois de Manou, IX, 121.

3. Loit de Uanou, IX, 69, 14S. De même cbu<! let Hébreux, Deuteronome, ’H