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52 LIVRE (I. LA FAMILLE.

édiUg ne constituait pas à lui seul la famille et il fallait encora le lien du culte. Or, le fils né d'une femme qui n'avait pas été associée au culte de l'époux par la cérémonie du mariage le pouvait pas lui-même avoir part au culte*. II n'avait pas le Iroit d'offrir le repas funèbre et la famille ne se perpétuait pas par lui. Nous verrons plus loin que, pour la même raison, il n'avait pas droit à l'héritage.

Le mariage était donc obligatoire. Il n'avait pas pour but le plaisir, son objet principal n'était pas /union de deux êtres qui se convenaient et qui voulaient s'associer pour le bonheur ou pour les peines de la vie. L'effet du mariage, aux yeux de la religion et des lois, était, en unissant deux êtres dans le même culte domestique, d'en faire naître un troisième qui fût apte à continuer ce culte. On le voit bien par la formule sacra- mentelle qui était prononcée dans l'acte du mariage : Ducere uxorem liberûm quxrendorum causa, disaient les Romains; jcafSwv Itc' dlp6xii) yvTjofcuv, disaient les Grecs *.

Le mariage n'ayant été contracté que pour perpétuer la famille, il semblait juste qu'il pût être rompu, si la femme était stérile. Le divorce dans ce cas a toujours été un droit chez les anciens; il est même possible qu'il ait été une obligation. Dans l'Inde, la religion prescrivait que o la femme stérile fût remplacée au bout de huit ans'». Que le devoir fût le même en Grèce et à Rome, aucun texte formel ne le prouve. Pourtant Hérodote cite deux rois de Sparte qui furent contraints de ré- pudier leurs femmes parce qu'elles étaient stériles *. Pour ce qui est de Rome, on connaît assez l'histoire de Garvilius Ruga, dont le divorce est le premier que les annales romaines aient mentionné. « Garvilius Ruga, dit Aulu-Gelle, homme de grande famille, se sépara de sa femme par le divorce, parce qu'il n«  pouvait pas avoir d'elle des enfants. Il l'aimait avec tendresse et n'avait qu'à se louer de sa conduite. Mais il sacrifia son

��1. Isée, VI. De Philoct. her., kl. Déiaosthéna, in Macartatum, Si.

2. Ménandre, fragm. 185. ûémosthëne, tn Ncxram, 123. Lucien, Timum, iT, Glschyle, Agamemnon, 1307. AlcipbroD, I, 14.

s. Lois de Manou, IX, 11. 4. HérodoU, V, 39; VI, 6i-

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