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CHAPITRE II. LE MARIAGE. 41

Elle fait que la famille forme un corps dans cette vie et Jans l'autre. La famille antique est une association religieuse plus encore qu'une association de nature. Aussi verrons-nous plus loin que la femme n'y sera vraiment comptée qu'autant que la cérémonie sacrée du mariage l'aura initiée au culte ; que le fils n'y comptera plus, s'il a renoncé au culte ou s'il a été émancipé ; que l'adopté y sera, au contraire, un véritable fils, parce que, s'il n'a pas le lien du sang, il aura quelque chose de mieux, la communauté du culte ; que le légataire qui re- fusera d'adopter le culte de cette famille n'aura pas la succes- sion ; qu'enfin la parenté et le droit à l'héritage seront réglés, non d'après la naissance, mais d'après les droits de partici- pation au culte tels que la religion les a établis. Ce n'est saris doute pas la religion qui a créé le famille, mais c'est elle assu- rément qui lui a donné ses règles, et de là est venu que la famille antique a reçu une constitution si différenle.de celle qu'elle aurait eue, si les sentiments naturels avaient été seuls à la fonder.

L'ancienne langue grecque avait un mot bien significatil pour désigner une famille; on disaiti::((mov, mot qui signifie littéralement ce qui est auprès d'un foyer. Une famille était un groupe de personnes auxquelles la religion permettait d'in- voquer le même foyer et d'offrir le repas funèbre aux mêmes ancêtres*.

CHAPITRE n.

L« anarlag*.

La première institution que la religion domestique ait établie fut vraisemblablement le mariage.

Il faut remarquer que cette religion du foyeret des ancêtres, qui se transmettait de mâle en mâle, n'appartenait pourtant pas exclusivement à l'homme : la femme avait part au culte.

1. Hérodote, V, 73, pour dire 700 familles, emploie l'ezpressioD imuén* UktcU. Ailleurs, I, 176 pour désigner SO familles, il dit i^iitun» Urtat. Même ezpressioi dants PluUrque, flomutus 9.

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